Semaine des langues 2017: l’écriture dans les langues asiatiques
Dans la cadre de la semaine des langues 2017 dénommée « Osons les langues! », les élèves intéressés par la découverte d’un autre mode d’écriture ont pu faire leurs premiers pas dans l’alphabet coréen hangeul. Puis ils ont pu faire le point sur la place des sinogrammes dans les langues asiatiques suivant qu’elles se sont émancipées complètement ou partiellement du système logographique chinois.
Le mardi 16 mai et le mercredi 17 mai 2017, M. Curin, professeur d’allemand, a reçu tous les élèves intéressés dans la pause de midi pour leur proposer de découvrir le hangeul en même temps que lui. En partant d’applications disponibles aujourd’hui sur les tablettes et en utilisant les claviers en ligne, il avait préparé sur son écran numérique un montage qui a permis de former des syllabes et des mots en ajoutant toujours plus consonnes au fur et à mesure. M. Curin a retenu le coréen car cette langue a choisi d’adopter une écriture alphabétique que l’on peut posséder assez rapidement. En 30 minutes, les élèves très visuels arrivaient déjà à déchiffrer très facilement des mots fictifs ou authentiques. Le principe ressemble fortement au français puisqu’il suffit d’ajouter B et A pour faire la syllabe « BA » par exemple. A part le H aspiré et un R qui tourne vers le L, les sons coréens existent en français également. Avec d’autres langues comme le vietnamien, le thaï ou le hindi qui fonctionnent aussi avec un système alphabétique, on aurait eu la difficulté de la prononciation très divergente ou des sons qui n’existent pas en français. En prenant la lettre A, la barre verticale avec un tiret à droite, et en ajoutant les consonnes, on obtient ici BA, GA, NA, DA, MA, SA, JA,CHA, KA, TA, PA, HA:
바 가 나 다 마 사 자 차 카 타 파 하
Le jeudi 18 mai 2017, M. Vavril, professeur de chinois, a lui-aussi accueilli les élèves intéressés dans la pause de midi pour faire d’abord un bref historique de l’écriture chinoise depuis le IIème millénaire avant J.C. afin d’en comprendre l’esprit et le fonctionnement, puis pour présenter la place des sinogrammes dans les langues d’Asie orientale. La langue coréenne a, en effet, utilisé les sinogrammes jusqu’au XVème siècle, voire jusqu’au XXème siècle dans certains domaines spécifiques. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que la Corée a décidé de favoriser le hangeul pour marquer son identité culturelle. Pour mieux comprendre pourquoi les Coréens ont préféré un alphabet à l’écriture logographique du chinois, M. Vavril a pris l’exemple du japonais; d’abord, le japonais est de la même famille linguistique que le coréen bien que l’intercompréhension ne soit pas possible. Les difficultés que rencontre le japonais à transcrire ses propres sons et ses mécanismes grammaticaux internes sont apparentées à celles du coréen. Alors que les Coréens ont choisi l’écriture alphabétique, les Japonais ont fait le choix de garder quelques milliers de sinogrammes, ils ont également introduit deux écritures syllabiques, l’une pour le japonais originel, l’autre pour les mots étrangers et notamment l’anglais. Cette cohabitation de trois écritures fait que l’apprentissage de la langue japonaise à un haut niveau est plutôt ardu. Les Chinois ne peuvent pas toujours comprendre les parties de la phrase japonaise écrites en sinogrammes (appelés kanji) car ils ont pris parfois un autre sens ou ils ne sont pas utilisés de la même manière qu’en chinois.
A l’aide d’une petite poésie chinoise, M. Vavril nous a montré comment le passage entre le texte initial et le texte japonais contemporain a provoqué un rallongement spectaculaire du texte dans le nombre de caractères et de lignes. Pour illustrer cette difficulté à rendre une langue non chinoise par des sinogrammes, il a proposé au groupe d’inventer le « Frannois » : il fallait écrire le français avec les sinogrammes et voir ce qu’il faudrait rajouter en plus pour répondre aux besoins du français comme les articles, les terminaisons des verbes conjugués etc. En choisissant l’écriture alphabétique, le coréen a coupé avec la tradition sinisante de son passé.

Séance de M. Vavril
Nous remercions les élèves qui sont venus à nos deux ateliers pour « oser les langues » et prendre plaisir à découvrir d’autres langues, même de manière superficielle.
M. Curin, M. Vavril
Actualités
Liens utiles